Autour de la #dictée... 1/3
“Un couloir me sépare de mon frère. À quelques années d’intervalle, nous écrivons les mêmes dictées passées autour du cou pour nous sortir du puits. Mademoiselle Nathalie articule lentement et marque les liaisons. Car nous ne devons perdre ni les accords ni les règles qui circulent en ce monde truffé de fautes (nous n’avons pourtant rien fait, seulement demandé).
#littérature #grammaire #LangueFrançaise #livre #citation
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Je rends ma #dictée avant les autres, sans me relire, certaine d’être déjà sur l’autre rive, à regarder la barque couler. Je baisse les yeux, du jaune chaud ruisselle de mon ventre, mademoiselle Nathalie éponge, j’attends la cloche qui me délivrera. Sous le préau, je me jette dans les bras de Léonce, mon frère dit C’est juste une dictée, Si tu as zéro, j’ai zéro aussi. On se trompe au même endroit, on se plante pareil, on reste groupés.
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Je suis au bord du puits. Léonce me tend son mouchoir à carreaux, Ne pleure pas, Marthe. Je laisse la #tristesse redescendre et respire, délestée du poids que j’étais. Je masse mes jambes. Je ne me sens plus fautive. La vie est longue, mon frère est là.
in: Nicolas Clément, Sauf les fleurs, Libella, 2015, p.26.